Il gisait là comme à la dérive depuis une interminable succession de saisons sans âmes. Il était couché sur son flanc babord, Korrigan. Ni la mer vivante et fraîche, ni même le sable ou la vase ne venaient plus lécher sa pauvre carcasse. Décoiffé, désossé, mis à nu, il était devenu le terrain de jeu favori des lutins voisins. Ils avaient joué au creux de ses entrailles laissant ouverts et son roof et son capot avant où s'étaient engouffrées la tempête d'hiver et les pluies froides d'automne et de printemps. Le grand architecte naval de la presqu'île lui même ne savait plus comment sauver son ami rescapé deux fois déjà. Bientôt un gros engin jaune fauchait tout près de Lui et le fit valser plus loin presque dans un fossé. Trois côtes cassées, ou trois bordées devrais-je dire. Le reste de sa peau craquelée par le soleil implaccable, laissait voire le jour ! Ses membrures pour la plupart avaient pourri dans les eaux stagnantes des pluies tièdes d'été.

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C'en était fini certainement. Il faudrait bientôt l'oublier dans les ronces grimpantes, au millieux des entrepôts de la presqu'île... Il faudrait bientôt oublier Korrigan

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